Tous des Coquins….
François Duvalier est devenu président d’Haïti, en 1957, à la suite d’une élection très houleuse. Ses rivaux à savoir Clément Jumelle, Pierre-Marie Joseph Louis Déjoie furent des candidats très valables et sérieux. Au timon des affaires, Duvalier s’est acharné surtout à trouver des voies et moyens pour garder le pouvoir à vie. Les grands projets de développement du pays lui étaient secondaires. À sa mort, après 14 ans de règne, la palme revenait à son fils, Jean-Claude, un bambin de 19 ans pour une durée de 15 ans. En clair, à eux deux, les deux Duvalier, ont maintenu le pouvoir sans partage pendant 29 ans. Ils font figure de Coquins.
Le 7 Février 1986, Jean Claude Duvalier remettait le pouvoir aux forces armées d’Haïti. Frustrée de ces 29 ans en dehors du pouvoir, les forces armées se sont invitées à la valse du pouvoir et s’étaient promis d’y rester le plus long temps que possible peut-être pour rattraper le temps et l’argent perdus. Le premier chef d’orchestre s’appelait Henry Namphy. Malgré lui, il a organisé, en 1987, une première élection qui s’est terminée dans un bain de sang. Il a tenté une deuxième élection en 1988 qui concourait à transférer le pouvoir à Saint-Roc Leslie François Manigat. Après seulement 4 mois, ce Namphy a éjecté Manigat du pouvoir pour reprendre en charge la gestion du pays. Entre eux, les militaires s’entredéchiraient pour avoir les rennes du pouvoir. « Mwen pap kite pou ou se ou ki pou kite pou mwen ». Des coups d’Etat successifs tels celui d’Avril, celui de Rébu, celui de Cédras, mettent en exergue la volonté manifeste des militaires de ne pas lâcher prise…Ils sont tous des coquins.
Jean Bertrand Aristide naïvement croyaient en un possible mariage avec les militaires. La réponse de Cédras à son égard fut sévère avec le coup d’Etat du 29 septembre 1991.
Anticharlemagnepéraltement, Jean Bertrand Aristide revenait au pouvoir, en 1994, sous les ailes protectrices des Yankees. Là, il commençait à utiliser des stratégies pour récupérer les trois années passées en exil alors qu’il avait là-bas le statut de chef d’Etat avec une équipe gouvernementale copieusement rémunérée à chaque fin de mois. Ses nouveaux patrons (les blancs) l’ont forcé à remettre le pouvoir à un président élu ayant été René Garcia Préval le 7 février 1996. Dans un mécanisme dit « ti pas kout » Jean Bertrand Aristide est revenu au pouvoir en 2001. Les « Grenn nan bouda » l’ont forcé à retourner en exil en 2004. La transition nous a encore pondu un René Garcia Préval comme président (2006-2011). Préval, un félin, un coquin, est resté au pouvoir pendant 120 mois (2 mandats de 60 mois chacun). Au cours du second mandat, il n’a pas respecté cet artifice (imaginé par nos politichens) pour harmoniser le temps constitutionnel avec le temps électoral. En clair, Ti René fait figure de coquin, l’expert en natation (naje pou n soti).
Puis venaient Martelly et Jovenel les auto-nommés bandits légaux avec l’intermède Privert ayant aussi triché pour rester au pouvoir le plus long temps que possible. D’un mandat initialement de 3 mois puis de 6, Jocelerm Privert est resté 12 mois au pouvoir. Ce sont ces 12 mois qui sont maintenant en discussion. Discussion superflue. L’article 134.2 de la constitution est clair : « L’élection présidentielle a lieu le dernier dimanche d’octobre de la cinquième année du mandat présidentiel.
Le président élu entre en fonction le 7 février suivant la date de son élection. Au cas où le scrutin ne peut avoir lieu avant le 7 février, le président élu entre en fonction immédiatement après la validation du scrutin et son mandat est censé avoir commencé le 7 février de l’année de l’élection ».
Jovenel Moïse se trouve donc dans l’obligation de respecter la constitution de 1987 amendée sur laquelle il avait prêté serment le 7 février 2017. Cette constitution exige l’harmonisation du temps électoral avec le temps constitutionnel. Jovenel Moïse avait bel et bien montré sa volonté de respecter scrupuleusement la loi mère par le renvoi pur et simple, au début de l’année 2020, des 9 sénateurs de la République. Dans le cadre du respect de la constitution et de la loi électorale de 2015 : « Baton ki bat chen nwa se li k ap bat chen blanch lan ».
Cependant, dans une jungle c’est la loi du plus fort qui prévaut. L’Haïti de 2020 fait figure de jungle. Le gros du problème, il est impossible de déterminer qui est le plus fort dans cette galère car les chefs sont nombreux: Tilapli, Barbecue, Krisla, Odma, Jovenel, Jouthe, Dimitri, Michel André, Youri Latortue, Réginald Boulos, Guerrier Henri, Bob C, Gary Pierre Paul Charles, Louco Désir et John Colem Morvan.
Tout compte fait, le dernier mot revient au peuple haïtien qui doit faire respecter sa constitution. Jovenel Moïse avait constaté froidement, en janvier 2020, la caducité du parlement haïtien, le 7 février 2021 le peuple, comme un seul homme, constatera la caducité de la Présidence.
Urbain Joseph
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