Que faut-il retenir de la participation des Grenadières à la Coupe du monde 2023 ?

Que faut-il retenir de la participation des Grenadières à la Coupe du monde 2023 ?

La sélection féminine haïtienne de football, après s’être fait éliminer dans la Coupe du monde, n’a pas eu seulement de notes négatives, elle a aussi vendu de belles images du pays dans les cieux du continent océanien et elle a envoyé des ondes positives à la presse du monde entier. Pour répondre à la question posée initialement, commençons par un diagnostic de l’équipe nationale féminine.

L’effectif des Grenadières 

Au moment où Haïti s’apprêtait à débuter les éliminatoires (17 février 2022 face au Honduras) et à disputer la phase finale du Mondial océanien (22 juillet devant l’Angleterre), elle ne comptait que cinq joueuses (Melchie, Nérilia, Batcheba, Kethna et Roselord) évoluant en D1 Arkema, l’élite du football féminin français.Parallèlement, dix autres qui jouaient en division 2 française, avant que ne débute le Mondial, n’étaient pas en mesure d’empêcher leurs équipes respectives d’être reléguées en Division 3 française. Celles qui évoluent aux USA, entre autres, Milan Raquel Pierre Jérôme, Noa Olivia Ganthier, Danielle Monique Etienne, Ruthny Mathurin, Nahomie Ambroise, Lara-Sofia Larco et Kerly Théus, on avait toutes les peines du monde à évaluer leur niveau réel. Que dire d’Esthéricove Joseph, la seule Grenadière présente au Mondial qui vient d’Haïti, pays où le championnat de football féminin est à l’arrêt depuis mai 2021 ?

Les résultats escomptés ? 

Avant le premier match des Grenadières dans cette Coupe du monde, tout le monde était unanime à reconnaître que nous n’avions aucune chance de battre une équipe, vu que nos trois adversaires, l’Angleterre, la Chine et le Danemark, sont tous sur le papier plus forts que nous. D’autres exagéraient même en disant que nous devions venir avec nos paniers pour ramasser les buts. Ces observateurs semblaient avoir raison si l’on tient compte aussi de notre diagnostic. Cependant, ces discours, après la défaite sur le fil devant les Anglaises (0-1), but inscrit sur penalty), disparaissaient et d’un coup, ces mêmes personnes voyaient cette équipe haïtienne gagner la Coupe du monde. Quel paradoxe !

Haïti termine 4e du groupe D, sa vraie place  

La vérité est qu’Haïti termine la Coupe du monde à sa vraie place dans le difficile groupe D, la dernière sans aucun point ni but inscrit. On peut toujours nourrir certains regrets de n’avoir grappillé aucun point ni marqué de but, car contre nos trois adversaires face à la Chine particulièrement, la possibilité était là, mais nos attaquantes, somme toute, n’étaient pas assez lucides devant les buts adverses, sans oublier le VAR qui a peut-être volontairement joué de mauvais tours à nos valeureuses guerrières.

Contre les trois adversaires des Grenadières, le staff technique que dirige Nicolas Delépine avait un plan pour empêcher les Anglaises, les Chinoises et les Danoises de développer leurs jeux. Tactiquement, Haïti avait fait, face à ses trois coriaces adversaires, presque le match parfait. Cette équipe haïtienne n’a encaissé qu’un petit but dans le jeu, et c’était face au Danemark (90e, +10) et concédé trois autres sur penalty.

Vu que ces adversaires sont des habitués de la Coupe du monde, elles ont eu l’expérience nécessaire au contraire de nos vaillantes guerrières trop timides dans cette compétition. Nos adversaires sont placés dans le top 15 des meilleures nations du football féminin mondial, et Haïti est 53e, très loin derrière. Terminer à la dernière place du groupe D n’est ni honteux ni un péché.

Des notes positives pour Haïti 

Peu importe sa position, il faut avouer que l’équipe nationale féminine qui devient la première équipe haïtienne, en cinq participations à une Coupe du monde du pays (toutes catégories confondues), n’ayant engrangé ni de point ni inscrit un but, est aussi celle ayant encaissé le moins de buts, seulement quatre, dont trois inscrits sur penalty. En comparaison, ce fut 14 en 1974 avec l’équipe masculine senior, 8 en 2007 avec les U17 garçons, 6 en 2018 avec les U20 féminines et 8 en 2019 avec l’équipe masculine U17.

Physiquement, les Grenadières n’avaient pas rechigné aux combats imposés par leurs adversaires visiblement plus forts. Les prestations de haut niveau de Kerly Théus sautaient aux yeux. À côté d’elle, Bethina Petit-Frère, qui a brillé par sa polyvalence et son sens tactique aiguisé, sans oublier Tabita Joseph, une véritable guerrière dans la défense, sont deux autres filles qui ont marqué la Coupe du monde des Grenadières en Australie alors que nous nous attendions à voir briller Melchie Dumornay, Nérilia Mondésir, Batcheba Louis, Kethna Louis ou encore Roselord Borgella.

Les péchés mignons de Nicolas Delépine

Le technicien français de l’équipe nationale féminine a eu le mérite d’offrir une qualification historique aux Grenadières. On aurait tort de dire que l’équipe haïtienne ne s’est pas entraînée, pas préparée et qu’elle n’était pas prête à disputer la Coupe du monde. Si Nicolas Delépine préparait à merveille son plan d’avant match, pendant le match, il est plus qu’un aveugle ne voyant rien depuis le banc tout au long du déroulement de la rencontre. Et cela se traduit par ses errements répétitifs lors des changements au cours des trois rencontres de poule. 

 Il a construit certes une équipe défensive qui était prête à souffrir face à ses adversaires, mais comment expliquer qu’en supériorité numérique, par exemple face à la Chine, l’équipe défendait toujours ? Comment expliquer que Kiki Joseph et Darlina Joseph, deux futures leaders de la ligne d’attaque des Grenadières, soient restées sur le banc tout au long du Mondial et qu’elles n’ont pas goûté à la sauce de la Coupe du monde ? Pourquoi forger une place à Sherly Jeudy qui disparaît après le choc subi face à la Chine alors que Danielle Monique Etienne, après une bonne entrée en jeu face à la Chine, n’a joué pas une minute devant le Danemark ? Pourquoi insister avec Roselord Borgella comme 9 même si elle ne jouait pas bien alors que c’est le poste de prédilection de la capitaine, Nérilia Mondésir ?  Pourquoi Milan Pierre Jérôme, la meilleure centreuse de l’équipe, n’a pas joué face à la Chine pour exploiter le jeu de tête de Kethna ou Borgella ? 

Nicolas Delépine, après plus d’un an aux commandes des Grenadières, ne connaît toujours pas très bien les joueuses. Il a tort de s’attribuer un satisfecit parce que l’équipe n’a pas été ridicule alors que l’équipe pouvait visiblement faire mieux dans cette Coupe du monde.

Haïti pourra-t-elle revenir à la prochaine Coupe du monde ? 

À l’exception de Roselord Borgella (30 ans), de nombreuses joueuses de l’équipe sont dans la vingtaine, entre autres, Nérilia, Batcheba, Kethna, Sherly et Kerly. Parallèlement, la majorité de nos Grenadières entament à peine leur vingtaine. Dans cette lignée, on trouve : Melchie, Tabita, Bethina, Dayana, Darlina, Maudeline, Noa, Lara-Sofia. Dire qu’en plus Kiki Joseph, Danielle Etienne, Chelsea Surpris seront encore là, et avec la possibilité de renforcer l’équipe, on aurait tort de ne pas croire à la participation d’Haïti à la prochaine phase finale de Coupe du monde.

Signalons que lors du Mondial féminin de la FIFA 2023, Haïti, éliminée en phase de poule, a aussi vu l’Argentine, l’Allemagne, le Brésil, le Canada, le Costa Rica, la Nouvelle-Zélande (pays co-organisateur), l’Italie et le Portugal, éliminés au premier tour. Cela ne peut pas nous consoler mais démontrer le haut niveau du football féminin en 2023.

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