Parlement haïtien: une Assemblée nationale s’annonce sur fond de crise

Dans une note datée du mercredi 9 janvier 2019, le bureau de l’Assemblée nationale porte à la connaissance des députés et des sénateurs l’ouverture de la première session ordinaire de l’année législative 2019. Cette séance, conformément aux articles 92.2, 98, 98.1, 98.3 alinéa 10 et 151 de la Constitution en vigueur, se tiendra le lundi 14 janvier 2019 à 10 heures 30 du matin, précise cette note signée du président de l’Assemblée nationale Joseph Lambert, et du vice-président de cette Assemblée, Gary Bodeau.

Dans la note, il est mentionné : « À cette occasion, le Premier ministre présentera le bilan des activités de son gouvernement et le président de la République fera l’exposé général de la situation du pays. »

Cette phrase, pour n’avoir mentionné ni le discours du président de l’Assemblée nationale Joseph Lambert ni les bilans des deux branches du Parlement pour la dernière année législative, réveille non seulement les soupçons, mais aussi la vieille querelle existant entre le président du Sénat Joseph Lambert et un groupe de députés à propos d’un parlementaire qui, usant abusivement de ses privilèges, aurait aidé un chef de gang à se défaire des filets de la police.

Pour ce qui est du bilan des deux branches du corps législatif, le bord de mer est habitué à en être orphelin comme ce fut le cas au mois de septembre 2018, lors de la fermeture de la deuxième session de travail des députés. La Chambre basse avait préparé son bilan, en témoignent les différents textes laissés dans la salle après la séance, mais les députés ont dû s’abstenir de présenter de bilan en guise de solidarité au Sénat qui n’en avait pas préparé par manque d’éléments, puisque cette Chambre a été le théâtre d’une querelle intestine après le vote confiant l’affaire PetroCaribe à la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (CSC/CA).

Si les parlementaires peuvent trouver un moyen pour se défaire des bilans jugés trop maigres, la tâche ne sera pas aussi facile quand « la personnalité d’un parlementaire et l’image entière du Parlement sont menacées », répond le député Printemps Bélizaire à la question de savoir si lui et le président du Sénat Joseph Lambert ont déjà enterré la hache de guerre sur le dossier des connivences de parlementaires avec des gangs armés.

Selon Printemps Bélizaire, le fait que le président du Sénat avait refusé de lui présenter des excuses publiques comme l’a exigé une correspondance signée de 6 députés, et le fait que le président du Sénat n’a pas répondu à une sommation du député Printemps Belizaire, ce dernier coupe le pont d’une issue à l’amiable. Aujourd’hui, Printemps Bélizaire entend traiter le dossier au correctionnel.

Cependant, cette démarche judiciaire n’exclut pas, selon le député, les actions politiques. Il appelle le président de la Chambre des députés Gary Bodeau, sous son chapeau de vice-président de l’Assemblée nationale, à préparer le discours du jour qu’il aura à présenter en lieu et place de Joseph Lambert. Il indique que des dispositions sont déjà prises pour empêcher ce dernier de présider la séance du 14 janvier, sans pourtant révéler la moindre facette de cette stratégie.

Source: lenouvelliste