L’OEA cherche, sans succès pour le moment, à convaincre des leaders politiques d’intégrer un gouvernement de cohabitation
Un dialogue entre le président Jovenel Moïse, des leaders politiques et des représentants de la société civile qui conduira à la formation d’un gouvernement inclusif, telle est la mission que se donne la délégation de l’OEA en Haïti. Carlos Trujillo, ambassadeur des États-Unis auprès de l’OEA et président du Conseil permanent de l’organisation hémisphérique, a déjà rencontré, mercredi, en ce sens le chef de l’Etat, plusieurs responsables de partis politiques et de la société civile.
« J’ai rencontré la délégation de l’OEA autour de la crise actuelle. L’entretien a porté également sur les problèmes de sécurité et de précarité dans le pays. Je demeure convaincu que le dialogue est le seul atout qui nous permettra de résoudre nos différends politiques », a publié Jovenel Moïse mercredi sur son compte Twitter après sa rencontre avec le président du Conseil permanent de l’OEA, Carlos Trujillo, et le chef de cabinet du secrétaire général de l’OEA, G. Koncke.
Cette délégation a rencontré par la suite le secrétaire général de la Fusion, Rosemond Pradel, le coordonnateur national de l’OPL, Edgard Leblanc Fils, et l’ancien sénateur Kély C. Bastien aux locaux de l’OEA à Pétion-Ville.
« La délégation de l’OEA nous a demandé de dialoguer avec le président Jovenel Moïse afin de former un gouvernement sur la base d’un accord politique », a rapporté au Nouvelliste Kély C. Bastien. « Nous leur avons dit qu’il n’y a aucune possibilité de dialogue avec le président. A cette phase de la situation c’est la société qui a demandé la démission de Jovenel Moïse et un changement radical », a-t-il ajouté. Il estime que la délégation ne saisit pas bien la situation qui prévaut actuellement dans le pays.
Kély C. Bastien a rappelé que c’est Jovenel Moïse lui-même qui avait déclaré que toute personne impliquée dans la dilapidation du fonds PetroCaribe doit rendre des comptes à la justice. L’ancien sénateur a fait savoir qu’ils sont pour le dialogue, mais pas avec le chef de l’Etat.
Le secrétaire général de la Fusion a souligné que ses collègues et lui ont expliqué la situation du pays à la délégation de l’OEA en leur faisant savoir que le président a tout fait pour en arriver là et qu’aujourd’hui il ne dirige plus rien, sinon le Palais national. « Le deuxième rapport de la Cour des comptes sur la gestion du fonds PetroCaribe a mis à nu la moralité du président de la République », a fait remarquer Rosemond Pradel.
Le responsable a confirmé que la délégation de l’OEA cherche à convaincre des acteurs politiques à participer à un gouvernement de cohabitation en maintenant Jovenel Moïse au pouvoir. « Nous leur avons fait savoir que pendant plusieurs fois nous avons tenté de dialoguer avec le président, mais cela n’avait pas marché », a rapporté M. Pradel. Selon lui, le temps du dialogue avec le président est révolu et pour le moment, c’est la démission de Jovenel Moïse qui importe. « Il ne peut pas diriger le pays, le maintenir au pouvoir fera beaucoup plus de mal au peuple haïtien », a-t-il dit.
Contacté par Le Nouvelliste, le porte-parole du Secteur démocratique et populaire, Me André Michel, soutient que « la solution à la crise politique actuelle passe d’abord et avant tout par la démission de Jovenel Moïse comme président de la République, la réalisation du procès PetroCaribe et l’organisation de la Conférence nationale haïtienne souveraine pour jeter les bases de l’émergence d’un nouveau projet de société dans l’intérêt de toutes les couches sociales de la nation haïtienne. Aucune cohabitation politique n’est possible avec Jovenel Moïse après la publication du rapport de la Cour des comptes qui confirme la participation de ce dernier à la dilapidation des 4.2 milliards de dollars américains du fonds PetroCaribe. »
« Pas de ne négociations avec Jovenel Moïse pour arracher une quelconque miette politique. Dans nos rencontres avec la communauté internationale, nous avons toujours exprimé avec clarté cette position. A un moment où le peuple se lève dans toute la République pour exiger la démission de Jovenel Moïse, nous invitons l’OEA à se mettre du côté du peuple pour faciliter la démission de Jovenel Moïse, ce qui nous permettra d’engager le chantier de la construction démocratique comme le prévoit la charte de l’OEA », a avancé Me André Michel.
L’ambassadeur d’Haïti à l’OEA, contacté par Le Nouvelliste, a fait savoir que la délégation a eu une rencontre, tôt dans la matinée du 19 juin, avec le président de la République accompagné de son chancelier. « Elle a eu par la suite plusieurs séances de travail avec des leaders de partis politiques et de la société civile. La délégation a aussi rencontré un groupe d’ambassadeurs accrédités en Haïti », a ajouté Léon Charles.
Lenouvelliste
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