Le Pérou intensifie sa lutte contre la corruption

Le Pérou intensifie sa lutte contre la corruption

Les Péruviens ont approuvé massivement par référendum trois réformes constitutionnelles anticorruption proposées par le président Martin Vizcarra, dont l’interdiction de réélire les membres actuels du Congrès en 2021.

Selon des résultats officiels provisoires portant sur 83,69 % des bulletins, les Péruviens ont voté à près de 80 % en faveur de trois des quatre réformes constitutionnelles proposées par le chef de l’État lors du scrutin organisé dimanche. Le dépouillement se poursuivait lundi au moment où ces lignes étaient écrites.

Parmi ces réformes figure l’interdiction de réélire les membres actuels du Congrès, un Parlement monocaméral. Les 130 législateurs actuels se retrouveront donc sans siège après la fin de leur mandat prévue le 28 juillet 2021.

Deux autres réformes, sur le mode de désignation des juges et le financement des partis politiques, ont aussi été largement approuvées, selon ces résultats provisoires.

En revanche, les électeurs ont refusé de rétablir un système bicaméral, proposition initialement soutenue par le président Vizcarra qui s’était ensuite ravisé pour ne pas rogner les pouvoirs présidentiels. Cette proposition, pour laquelle le chef de l’État avait appelé à voter « non », aurait également permis à certains parlementaires de retrouver un siège.

Lourd passé de corruption

Ce référendum « marque le début d’un changement que nous souhaitons pour le Pérou et pour tous les Péruviens », a déclaré M. Vizcarra à l’issue du scrutin.

Ces résultats sont une victoire pour cet ingénieur de 55 ans quasi inconnu lorsqu’il a succédé il y a quelques mois à Pedro Pablo Kuczynski. Ce dernier, au pouvoir depuis 2016, avait démissionné fin mars, accusé d’avoir menti sur ses liens avec le géant brésilien du BTP Odebrecht, au coeur d’un vaste scandale de corruption qui ébranle une partie de la classe politique d’Amérique latine.

Les quatre derniers présidents du pays sont dans le collimateur de la justice péruvienne dans ce scandale : outre M. Kuczynski, il s’agit d’Alejandro Toledo (2001-2006), Alan Garcia (1985-1990, 2006-2011) et Ollanta Humala (2011-2016).

Tous ont nié avoir reçu de l’argent d’Odebrecht. M. Humala et son épouse ont été brièvement emprisonnés et les autorités cherchent à faire extrader M. Toledo qui vit actuellement aux États-Unis. M. Garcia, qui s’est vu refuser la semaine dernière l’asile en Uruguay, a été conspué dimanche en votant à Lima.

Croisade politique

M. Vizcarra s’était livré à un bras de fer avec le Congrès, dominé par l’opposition fujimoriste (extrême droite), pour l’obliger à accepter le référendum.

Il avait présenté ses propositions de réformes fin juillet après un scandale frappant l’institution judiciaire qui avait entraîné de multiples démissions, y compris celle du président de la Cour suprême, Duberli Rodriguez, après la diffusion d’enregistrements compromettants dans lesquels on entend des juges monnayer des peines.

Parmi les opposants à ces réformes, le parti de Keiko Fujimori — la fille de l’ancien président Alberto Fujimori, elle-même en prison depuis fin octobre pour des accusations liées au scandale Odebrecht — et le parti social-démocrate APRA de M. García.

Odebrecht a annoncé dimanche un accord global avec la justice péruvienne avec laquelle il coopère depuis deux ans.

Signe de la situation de la classe politique nationale : sur les 30 candidats au deuxième tour d’élections de gouverneurs tenues également dimanche dans 15 des 25 régions du pays, 18 faisaient l’objet d’enquêtes judiciaires susceptibles de les conduire en prison.

Plus de 24 millions d’électeurs étaient appelés à se prononcer dimanche. Mais les opérations de vote ont commencé avec du retard dans de nombreux bureaux, a relevé la mission d’Observation électorale de l’Organisation des États américains. Le dépouillement des bulletins est également très lent.

C’est la première fois que la Constitution péruvienne, en vigueur depuis 1993, est réformée par référendum.

ledevoir.com

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