Haïti : le BINUH fait déjà polémique
Lors de la dernière réunion du Conseil de sécurité sur la situation en Haïti, plusieurs pays à savoir la France, l’Allemagne, la Chine, le Pérou, la Russie et la République Dominicaine ont émis des réserves quant à la création du Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (Binuh) en remplacement de la Minujusth.
Le représentant du Pérou a regretté que la résolution ne mentionne ni les rôles du Fonds pour la consolidation de la paix et du Groupe consultatif ad hoc sur Haïti, qui pourraient contribuer, selon Lima, aux efforts du BINUH, ni la « forte vulnérabilité » de Haïti face aux changements climatiques.
Nous sommes en effet « surpris et déçus » que le texte ne fasse pas référence aux conséquences sécuritaires des effets des changements climatiques sur le pays, a renchéri le représentant de l’Allemagne, et ce, alors même que le Conseil n’a eu de cesse de s’inquiéter, depuis 2011, des facteurs climatiques dans l’aggravation des menaces à la paix internationale. En tant que l’un des pays les plus exposés au « multiplicateur de menaces » que constituent les changements climatiques, Haïti risque de voir apparaître de nouveaux conflits sur son territoire, a mis en garde le représentant allemand, appelant le Conseil à inclure davantage cette dimension dans ses décisions, sur la base de données fiables et d’analyses des risques. Ignorer les changements climatiques ne fait pas disparaître la menace qu’ils représentent et mine l’efficacité des travaux du Conseil, a insisté le pays.
Une telle omission est d’autant plus dommageable, a ajouté la France, que la situation du pays est actuellement marquée par l’instabilité politique, la détérioration de la situation économique, l’état très préoccupant des finances publiques, l’insécurité alimentaire, les difficultés d’accès aux services de base et des niveaux élevés de violence. Le Bureau intégré va donc entamer sa mission dans un contexte difficile et il est à craindre, hélas, que cette situation « extrêmement volatile » ne se détériore dans les semaines et mois à venir, a mis en garde le représentant de la France.
Face à cette « détérioration évidente » de la situation sécuritaire, nous aurions justement voulu un mandat plus large, robuste et pluridimensionnel, a déclaré le représentant de la République dominicaine, qui s’est abstenue lors du vote. Or la proposition du Secrétaire général n’est pas assez précise dans ses objectifs, ni suffisamment ample pour préserver la stabilité de Haïti, a estimé le pays. Selon lui, une approche « basée exclusivement sur la sécurité » est insuffisante; elle doit se doubler d’un appui au renforcement du système politique et électoral haïtien. La nouvelle mission aurait pu démarrer sur les chapeaux de roue en prenant en compte tous les aspects de la crise haïtienne, a poursuivi le représentant de la République dominicaine.
Le mandat du Bureau doit être « simple et concis », a de son côté estimé la Chine, second abstentionniste lors du vote. Malheureusement, les amendements que nous avons proposés lors des négociations du texte n’ont pas été retenus et la résolution ne reflète pas les « inquiétudes légitimes » de la Chine concernant la capacité du Bureau à s’acquitter de sa mission, a regretté le pays.
De son côté, la Fédération de Russie a appelé la nouvelle mission politique spéciale à mettre l’accent sur le renforcement de la Police nationale d’Haïti, qui se verra confier à partir d’octobre la responsabilité de la sécurité de la population.
En Haïti, le secrétaire général du parti Pitit Dessalines, Jean-Charles Moïse, s’insurge contre le BINUH estimant que le pays n’a pas besoin de cette nouvelle mission. Monsieur Moïse a fait remarquer que la présence de la Minustah n’avait pas empêché les contestations électorales enregistrées ces dernières années dans le pays. L’ancien candidat à la présidentielle de 2015 invoque également l’échec, selon lui, des missions onusiennes dans le renforcement de la PNH et de la justice.
Jean-Charles Moïse annonce une manifestation le jour de l’arrivée de cette mission civile pour dire non à la présence des nations unies dans le pays.
Sources combinées
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