Bel-Air : zone interdite aux portes du palais national
En périphérie de Bel-Air, quasiment aux portes du palais national, une frontière s’est installée depuis plusieurs mois. Les barricades sont devenues des bornes de bon sens pour ne pas se prendre une balle. Les rues Macajoux et Monseigneur Guilloux sont des zones rouges contrôlées par le gang «Krache Dife» , allié de G-9. On peut se prendre une balle si l’on s’y aventure, a confié John Jimmy Preptit à la matinale de Magik9, mercredi 16 décembre.
Les barricades, a confié cet enseignant, sont érigées par des habitants de Bel-Air pour se protéger des incursions. À la rue des César, les hommes de «Krache Dife» ont érigé un mur, a-t-il poursuivi, déplorant le fait que des écoles, des commerces se soient trouvés dans l’obligation de fermer ou de se délocaliser. Les autorités, entre-temps, ne font pas grand-chose pour assurer la sécurité, a déploré John Jimmy Preptit.
En milieu de matinée, haut rue Dr Aubry, a observé Le Nouvelliste, est clairsemé; le commerce, les services de réparation de téléphones de « Bò Katedral », généralement bruyant, se sont retranchés à la rue des Miracles où s’amoncèlent en certains points des piles de détritus qui poussent des racines.
Au terminus de la rue Montalais, quasiment l’angle avec la rue Borgela, à côté du lycée Alexandre Pétion, une barricade bloque l’accès aux véhicules et motocyclettes à « platon Bel-Air ».
Sur le versant nord du grand Bel-Air, la circulation automobile et des piétons est sevrée des temps ordinaires, quand les journées n’étaient pas rythmées par la peur des rafales d’armes automatiques, par le qui-vive devenu ordinaire dans ces quartiers où s’entassent des gens de conditions humbles. Les tap-tap, les bus des transports en commun et les autres automobilistes sont, depuis presque quatre mois, dans l’impossibilité d’utiliser des routes de Bel-Air et de sa périphérie comme Sans-Fil pour connecter Port-au-Prince au bas de Delmas, le bord de mer et la plaine du Cul-de-Sac. Des policiers et d’autres habitants de certains quartiers de Bel-Air résistent, affrontent et contrarient le plan d’expansion de G-9 et de Jimmy Chérizier.
Au cœur de Bel-Air, l’un des plus vieux quartiers de Port-au-Prince, les ruines de maisons calcinées, les sacs de sable, les impacts de balles sur des pans de murs racontent la violence des incursions de gangs alliés de G-9 qui crachent le feu de l’enfer.
Pour échapper à ces violences, 1 126 personnes, des femmes, des hommes, des enfants se sont réfugiés à Solino, dans les installations des pères spiritains, a révélé Jules Gélin Esaie, soulignant que, la veille, les élans de solidarité se sont estompés depuis deux mois vis-à-vis de personnes déplacées. Il a souligné que la veille, d’autres personnes se sont réfugiées dans le camp.
Le militant des droits humains, Pierre Espérance, a confié au journal que depuis le 10 décembre, il y a des attaques sporadiques. Après les premières violences du d’octobre 2019, les attaques de fin août, jusqu’au 17 octobre 2020, un constat s’impose. La population de Bel-Air est abandonnée aux griffes du gang Krache Dife, basé à la rue St Martin. « C’est le plus important gang du G-9. Il est utilisé par Jimmy Chérizier alias Barbecue dans les multiples attaques dont l’objectif est de contrôler le Bel-Air », a indiqué Pierre Espérance. « La police ne fait rien. Le pouvoir ne fait rien pour assurer la sécurité des vies et des biens des habitants du Bel-Air. C’est voulu », a pesté Pierre Espérance. Le mot d’ordre est l’indifférence vis-à-vis des habitants de ce quartier situé à quelques centaines de mètres du Palais national, de la Cour de cassation, de la cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (CSC/CA)
Le 10 décembre dernier, en annonçant des sanctions contre d’anciens officiels de l’administration Tet Kale, le département du Trésor avait indiqué que les gangs, avec le support de « politiciens haïtiens », « répriment des opposants politiques dans des quartiers de Port-au-Prince connus pour leur participation à des manifestations anti- gouvernementales ». Le Trésor américain est revient sur un compagnonnage bien connu ici entre gangs et officiels. « En échange des attaques perpétrées pour créer l’instabilité et le silence au sein de la population de Port-au-Prince qui demande une amélioration de ses conditions de vie, les gangs reçoivent de l’argent, la protection politique et assez d’armes les rendant prétendument plus armés que la Police nationale d’Haïti ».
Entre-temps, la police mobilise les grands moyens pour faire tomber Village-de-Dieu, utilisé par le gang de « Izo », « 5 Segonn » comme lieu de séquestration connu de tous de victimes de kidnapping. Le Bel-Air, aux portes du palais, devra prendre son mal en patience.
lenouveliste
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