Bandits, tu as dit?

Quelle différence existe t-il entre un bandit légal et un bandit non légal en Haïti? Ne te casse pas la tête, je te donne la réponse tout de suite. En fait, si différence il y a, elle est vraiment sensible.

Un bandit légal peut être un  parlementaire ayant une éducation très limitée ou un haut placé de l’exécutif jouissant  de l’immunité. Il est libre de circuler, de provoquer, d’insulter, de voler, de « kidnapper » voire de tuer sans crainte d’être questionné par les autorités judiciaires de mon pays. En fait, le bandit légal d’aujourd’hui  fut hier un bandit non légal.

Pour acquérir sa légalité, il investissait une partie de sa richesse mal acquise dans la politique, cette vache à lait. Il peut choisir de briguer n’importe quel poste électif. De la mairie à la présidence en passant par la députation et le sénat, toutes les portes lui sont ouvertes avec ses billets verts. Malgré, un casier judiciaire souillé, puis brouillé, il obtient sans grand danger son certificat de bonnes vie et mœurs. Malgré sa résidence hors du pays pour plus de 20 ans, il obtient un certificat de résidence pour compléter son lot de pièces requis à l’inscription.

Alors, un bandit légal et un bandit non légal sont souvent de même souche. On comprend alors la collusion qui existe toujours entre eux. On comprend, tout de suite aussi, pourquoi le soi disant bandit Arnel Joseph, recherché par la police, a vite été secouru par ses paires du pouvoir. On rapporte qu’il s’est échappé dans une voiture officielle sous les yeux impuissants des policiers qui contrôlaient les périmètres de l’opération.

Deux remarques importantes…..

La fin du règne des gangs et des bandits légaux et non légaux en Haïti n’est pas pour demain:

1) des tenants du pouvoir et des membres de l’opposition se battent pour le contrôle des gangs. Autrement dit, chacun de ces groupes gèrent leurs propres gangs. Un sénateur a déclaré en pleine séance: « mesye nou chak la gen gang pa nou »

2) ces membres influents des gangs n’ont aucune crainte pour leur avenir. Alors ne vous étonnez pas si ce fameux Arnel Joseph devienne maire, député, sénateur en 2019. N’a-t-on pas, déjà, eu un bruyant Arnel député?…Et, Pierre Esperance du Réseau National des Droits Humains (RNDDH) n’a pas caché sa joie quand les « Marshals » de l’oncle Sam ont procédé à l’arrestation du sénateur élu de la Grande Anse, Guy Philippe, il y a environ deux ans, en déclarant: « Yon bandi an mwens nan palman an ».

Bref, il est clair que Haïti est dirigé par une horde de hors la loi qui sous estiment l’importance de l’éducation, de la constitution, des lois républicaines…. En fait, quand dans une société, les bandits sont légaux, les gens de bien deviennent illégaux. Les institutions républicaines n’existent que de nom; autrement dit, l’anarchie s’érige en norme.

Urbain Joseph