20e édition festival Quatre Chemins : » Un lieu d’énergie par excellence «
Le Festival Quatre Chemins est à sa 20e édition, cette année. Crée en 2003, cet événement fait son chemin dans nos coeurs. Quatre Chemins s’impose depuis 20 ans dans le paysage culturel haïtien. Pour cette édition qui donne carte blanche à Jeanguy Saintus, le festival renouvelle son rendez-vous pour le bonheur des amoureux du théâtre. Nous avons rencontré le directeur artistique du festival, Guy Régis Jr ( GRJ ) pour qui le Festival Quatre Chemins est un lieu d’énergie.
LN : Le Festival Quatre Chemins est à sa 20e édition, cette année. Cet événement a fait du chemin. Une présentation de ce festival.
GRJ : En tout premier lieu, on pourrait le présenter comme ce moment tant attendu des amoureux. De la scène. Du théâtre. De la danse. De la musique. C’est cela. C’est le temps de la promesse, le temps de l’amour frais. Comme on attend son amoureux, son amoureuse, à l’aube des premiers émois. Et puis, pour l’Association quatre Chemins, c’est son activité phare. Organisé chaque année, entre novembre et début décembre, en tout début de la saison sèche en Haïti, c’est indéniablement le plus grand moment pour les arts vivants du pays. Le festival est donc une de nos différentes activités dans l’année. Il y a aussi Les Résidences Par Quatre Chemins, Teyat Timoun et Théâtre dans les écoles, qu’on organise avec et pour des enfants, et d’autres réalisations par lesquelles le public peut nous reconnaitre maintenant : le programme Théâtre Citoyen, grâce auquel nous travaillons avec d’anciennes détenues, ou avec de simples citoyens et citoyennes sur le genre, contre la grossesse précoce, sur les risques et désastres, etc. C’est un festival qui par sa persévérance et son organisation exemplaire a su créer un grand engouement chez les artistes, et a permis l’éclosion d’autres plus jeunes festivals.
LN : C’est la 20e édition, cette année, 9e année pour vous comme directeur artistique, comment expliquez-vous la pérennité de ce Festival ? Un vrai rêve!
GRJ : Je crois d’abord que ce rêve de créer un festival de théâtre à Port-au-Prince a été le bienvenu. Daniel Marcelin, qui sera avec nous cette année d’ailleurs, avait un bon air de proposer l’événement à ce moment précis dans la vie culturelle haïtienne, en automne 2003. Les institutions qui ont de suite embrassé l’idée ont soutenu et continuent à le faire dans la durée; je parle de Fokal, l’Institut Français… et aujourd’hui, nous en avons d’autres qui le comprennent : le ministère de la Culture, l’AJWS, l’OIF, l’ambassade de France, l’ambassade Suisse… Un festival tient aussi grâce à son équipe, son engagement, son travail tout simplement. C’est un foyer bouillonnant, un festival. Un lieu d’énergie par excellence. Un fabuleux collectif uni pour la même cause. Au fil des années, le festival semble appartenir à chaque membre de l’équipe. Comme si c’était le bébé de chacun. Hier encore au téléphone, une de nos collaboratrices qui vit actuellement au Canada pleurait son absence avec de chaudes larmes. D’emblée, j’ai fait un pari de miser sur une jeune équipe, dont certains étaient mes étudiants à l’Enarts, et cela s’est révélé très payant. Pour finir, et d’ailleurs, j’aurais dû commencer avec eux : le talent et la persistance des artistes.
L. N : C’est très électrique. Qu’est-ce qui fait la magie de Quatre Chemins ?
C’est peut-être parce que c’est un grand rendez-vous d’amour, justement. On s’attend à être charmé, séduit, choqué, bousculé, à rire, à pleurer aussi. Le théâtre, la danse sont des espaces magiques. On meurt à la danse et au théâtre, mais au bout du compte on est ressuscité, on renait, on revit. « Il n’y a pas d’art de la mort » te dirait Deleuze. C’est cette résistante vie que nous guettons dans les arts. Cette petite gamme toujours ténue. Cette chose capable de nous émerveiller : du sensible. C’est du moins ce que nous venons chercher dans ces espaces. Cette magie-là.
LN : Après plusieurs éditions mémorables, ce nouveau festival sera encore à marquer d’une pierre blanche ? En cette année 2023, le festival donne carte blanche au célèbre chorégraphe Jeanguy Saintus. Pourquoi le choix de de ce dernier ?
GRJ : On espère que chaque nouvelle programmation d’une année fasse mouche. L’année dernière restera le festival qui peut-être m’aura le plus ému. On était en peyi lòk, en période d’insécurité accrue, mais surtout en pleine Coupe du monde. C’était une joie extrême de gagner contre l’Argentine et le Brésil. Des salles payantes remplies alors qu’il y avait l’événement le plus attendu dans le monde. J’aime beaucoup le football, même parfois je suis un fan inconditionnel, je ne peux m’empêcher de m’amouracher de notre Melchie nationale, mais les écrans avec leur football quotidien zombifient ce peuple. J’avoue que je suis sidéré quand j’entends les commentaires les plus poussés sur des stars du ballon rond, avec un quotidien bien plus beau, bien plus heureux, que le nôtre.
LN : Quel est le moment que vous aimez le plus pendant le Festival ?
GRJ: Quand tout finit. Rires. Evidemment que non. Les plus beaux moments, c’est quand je vois un public séduit d’une part, puis amoureux. J’attends de voir d’autres jeunes encore comme l’année dernière, que je ne reconnais pas, s’émerveiller devant des spectacles. C’est comme cela que je peux m’assurer que notre futur a de l’espoir.
LN : Comme pour plusieurs éditions antérieures, cette édition aura lieu dans un contexte sociopolitique dificile. Comment pensez-vous vous accrocher ?
GRJ : Si nous nous accrochons bien, c’est parce que le public y est toujours, que les artistes ne lâchent pas. Nous faisons corps. Nous nous accrocherons encore tant qu’il y aura âmes qui vivent dans ce pays.
LN : En dépit de la crise sociopolitique que traverse le pays, des comédiens et dramaturges voient le jour. Comment voyez-vous cette émergence ?
GRJ : Que voulez-vous, je m’émeus toujours en voyant cela. De nouvelles têtes. Mais, il y en a qui partent aussi, de plus en plus, malheureusement, pour sauver leur peau. C’est toujours ce qui est très problématique dans notre pays, et dans d’autres où les citoyens n’en peuvent plus. On travaille longuement pour former, pour forger de nouveaux cerveaux, puis on les donne gratuitement, on les gaspille à l’étranger.
LN : Qu’en est-il des partenaires ?
GRJ : Nos partenaires nous sont des modèles, gage de leur confiance en nous. Nous les remercions ici, l’un, et l’un après l’autre. Sans eux, sans elles, ces vingt ans seraient une chimère. Si le festival a 20 ans, c’est grâce à eux !
lenouvelliste
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